Microbiote

MICROBIOTE

Publiées le 5novembre dans la revue Science, deux études offrent un espoir, à terme, de mieux prescrire et de rendre plus efficaces des traitements anticancers innovants, les immunothérapies. « Pourquoi certains patients répondent-ils bien aux immunothérapies et d’autres non ? La réponse n’est pas claire, mais deux nouvelles études offrent des preuves du rôle du microbiote intestinal », résument les éditeurs de Science. Ce microbiote, ce sont les bactéries qui peuplent notre intestin.

Apparues dans les années2000, les immunothérapies ne visent pas directement les tumeurs, contrairement aux chimiothérapies conventionnelles ou « ciblées ». Leur jeu est plus subtil : elles recrutent le système immunitaire des patients, lèvent ses blocages et dirigent ses forces de frappe vers les cellules cancéreuses. Dans des cancers au pronostic jusque-là très sombre, ces immunothérapies donnent des résultats « impressionnants », selon le professeur François Sigaux, directeur de la recherche et de l’innovation à l’Institut national du cancer (INCa). «Avec la première immunothérapie apparue, l’ipilimumab, certains patients atteints de mélanome avancé sont toujours en vie après dix ans », relève la professeure Caroline Robert, chef du service de dermatologie de l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif). Mais les immunothérapies ont leur talon d’Achille. Ainsi, l’efficacité de l’ipilimumab ne concerne qu’environ un patient sur cinq. Autre point faible : difficile d’identifier à l’avance les patients répondeurs.

Alors que les allergies sont en pleine explosion en France, comme dans tous les pays industrialisés, des chercheurs français et japonais viennent de mettre à jour la façon dont les bactéries présentes dans nos intestins – le microbiote intestinal – peuvent influer sur l’équilibre de notre système immunitaire. Voire bloquer les mécanismes allergiques, comme le montre l’étude publiée par l’équipe de Gérard Eberl de l’Institut Pasteur (Paris), en collaboration avec des chercheurs de l’Université d’Osaka et de l’institut Riken (Japon),

Des études épidémiologiques ont montré que les enfants vivant à la ferme, à proximité d’animaux et donc en contact constant avec des microbes, développent au cours de leur vie moins d’allergies que les enfants habitants dans les villes. Cette “théorie hygiéniste” stipule que l’amélioration du niveau d’hygiène entraîne durant l’enfance une diminution des contacts avec les agents infectieux, ce qui favorise la survenue ultérieure de maladies allergiques. Par ailleurs, des études expérimentales ont étudié le rôle que la flore bactérienne intestinale pourrait jouer sur notre système immunitaire. Elles avaient montré que des souris recevant dès les premiers jours de vie des antibiotiques qui détruisent leur microbiote intestinal, ou maintenues en laboratoire dès la naissance dans un environnement totalement stérile, présentent par la suite une plus grande sensibilité aux allergies. Sans que les chercheurs en comprennent jusqu’alors vraiment la raison. Ce sont ces mécanismes que l’équipe de l’institut Pasteur a réussi en mettre en évidence chez la souris.

Pour comprendre, il faut revenir aux différentes réponses immunitaires mise en action par l’organisme lors d’une “attaque” par un agent infectieux extérieur. En présence de microbes (bactéries, levures), ce sont des cellules de l’immunité dite de «type 3» qui entrent en jeu. En cas d’infection par des agents de plus grande taille (vers parasites, grosses molécules allergènes), c’est en revanche une immunité cellulaire de «type 2» qui est sollicitée. C’est elle qui participe au déclenchement de l’allergie. Le microbiote régule l’immunité de type 2 via des cellules immunitaires de type 3. De la même façon que les infections par des bactéries provenant du milieu extérieur mettent naturellement en jeu les cellules immunitaires de type 3, la présence des bactéries intestinales joue finalement le même rôle. Or il ressort des travaux publiés aujourd’hui que les cellules de type 3, lorsqu’elles sont sollicitées, bloquent l’action des cellules de type 2, celles impliquées dans l’allergie. Au total, ces travaux montrent que le microbiote intestinal régule indirectement les réponses immunitaires allergiques de type 2 par l’intermédiaire des cellules participant à l’immunité de type 3.

CONCLUSION: ÉQUILIBRE À TROUVER
Le microbiote intervient donc dans l’équilibre du système immunitaire. Les chercheurs ont d’ailleurs montré que l’absence de bactéries intestinales chez la souris conduit à des réponses de type 3, et par conséquent à une dérégulation des réactions immunitaires de type 2 associées aux phénomènes allergiques. Une possible piste thérapeutique, qu’il reste à explorer, consisterait à renforcer les réactions de type 3 afin qu’elles puissent bloquer les cellules immunitaires de type 2 responsables d’allergie.

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